La semaine dernière, je me suis rendue au Maroc pour y rencontrer la communauté française pendant cinq jours particulièrement riches et intenses en déplacement à Tanger, Rabat, Casablanca et Marrakech. Je ne peux que remercier très chaleureusement les plus de 200 Françaises et Français qui m’ont accordé leur temps pour venir échanger aussi bien sur leurs problématiques du quotidien que sur les enjeux diplomatiques, leurs espoirs et leurs craintes dans un monde particulièrement instable. 

Le retour au pouvoir de Donald Trump, une situation géopolitique inflammable, les guerres et les dérèglements climatiques préoccupent l’ensemble de notre communauté. L’actualité nationale et les remises en cause de la démocratie et de l’État de droit fragilisent un peu plus le socle de notre cohésion nationale. Dans ce contexte, le choix du gouvernement de diminuer de 12,3% le budget du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères remet en cause non seulement ses capacités diplomatiques, mais aussi les politiques dédiées à notre communauté à l’étranger et la solidarité nationale qui y est liée.

Dans ces perspectives, ce déplacement marocain est un marqueur du désastre de cette politique austéritaire qui ne permet en aucun cas de répondre aux attentes légitimes de nos concitoyen·nes. Que ce soit pour leur protection sociale, leur retraite, leur santé, pour l’éducation de leurs enfants ou leurs services publics, nous ne pouvons que condamner le retrait de l’engagement de l’État au seul profit du renforcement des contrôles administratifs sous l’impulsion de la droite et l’extrême droite et d’une chimérique lutte contre une fraude qui se voudrait massive sur le territoire.

Nous, Écologistes, défendons une politique qui protège nos ressortissant·es, soutient les plus démuni·es, facilite l’accès à l’éducation et propose des solutions pérennes et solidaires. Que ce soit pour garantir la pérennité de la Caisse des Français de l’Étranger (CFE), assurer l’accès aux services publics, faciliter le droit au compte bancaire, ou encore lutter contre le Bornage des détachements d’enseignants, nos propositions concrètes sont le fruit de ces échanges lors de nos déplacements. Ces rencontres avec vous toutes et tous, mais aussi avec un tissu associatif particulièrement dynamique au Maroc et des élu·es locaux·les mobilisé·es, forgent mon mandat au Sénat. 

Tanger 

À Tanger, j’ai rencontré des acteurs de la communauté éducative en me rendant au Lycée Regnault et son école primaire Adrien-Berchet. Le manque de vision dans le temps de la part de l’État sur les investissements nécessaires en termes non seulement d’infrastructures éducatives, mais aussi de recrutement remettent une fois de plus en considération l’illusion macroniste d’une stratégie CAP2030 qui vise à doubler le nombre d’élèves dans le réseau AEFE, sans pour autant donner les moyens budgétaires adéquates.

Lors de la réunion publique, j’ai eu le plaisir de discuter avec une vingtaine de Français·es quant à leurs préoccupations sur l’accès aux services consulaires et notamment des délais de transcription d’actes d’état civils rallongés. Nous avons soulevé un certain nombre d’enjeux sociaux et de solidarité avec la « Taxe Zucman » portée par les écologistes au Parlement. Ce fut aussi l’occasion d’aborder les enjeux diplomatiques et environnementaux, je tiens ici à mettre en avant l’initiative marocaine du Blue Africa Summit et les efforts communs pour protéger les mers et océans, comme le rappellent les combats que nous menons au Sénat avec le groupe écologiste

Je tiens à remercier la présidente du Conseil consulaire, Myriem Bennani, les agents des services consulaires ainsi que la présidente du conseil consulaire pour leur accueil et leurs échanges constructifs.

Rabat

À Rabat, accueillie par le Consul Général, j’ai pu participer à une rencontre avec les Conseillères et Conseillers des Français·es de l’étranger particulièrement engagé·es aux côtés des associations représentatives, que je remercie sincèrement pour la teneur de nos échanges.

Ainsi, nous avons pu aborder la question préoccupante des retraites avec des pics de contrôles administratifs et les difficultés à la production des certificats de vie qui y sont liées, mais aussi des délais particulièrement inquiétants quant au premier versement des droits à la retraite sur lesquels je compte interpeller les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail. Nous avons parlé sans tabou des défis persistants concernant la CFE du fait d’un abandon constant de la part de l’État, malgré ses engagements conventionnels, impactant de fait les tarifs et prestations de cette caisse et remettant en considération ses missions de solidarité et de service public. Plutôt que de proposer des adaptations législatives, il est particulièrement incompréhensible que l’État ait préféré demander le retrait des contrats locaux des Instituts français au Maroc de la CFE plaçant un certain nombre d’affiliés à l’URSSAF dans des situations particulièrement précaires à quelques années de leurs droits à la retraite. Je compte m’emparer de cette problématique en interpellant le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères afin de garantir une action de l’État quant au bon accompagnement par les Instituts français de leurs personnels. 

Je tiens ici à souligner l’importance de l’engagement des élu·es locaux·les, tel·les que Khadija Belbachir-Belcaid, Mathieu Lescrainier et Isabelle Frej sans lesquel·les le retrait de la solidarité nationale aurait des impacts encore plus néfastes pour les Français·es établi·es hors de France.

Cette problématique est en lien direct avec les Assises de Français de l’Étranger, initiative poussée par le groupe Écologie & Solidarité à l’Assemblée des Français de l’Étranger, à laquelle je vous invite vivement à participer toutes et tous. Un combat de longue haleine, au regard de l’implication de nos parlementaires à l’image du rapport de mon collègue Karim Ben Cheïkh, membre du groupe Écologiste et Social à l’Assemblée Nationale, que je tiens à saluer.

La crainte partagée à travers le Maroc d’une suppression des personnels détachés et de la disparition progressive des établissements scolaires en gestion directe doit être prise avec le plus grand sérieux, tout comme les perspectives de réduction des bourses scolaires et d’accompagnement d’élèves en situation de handicap qui m’ont particulièrement interpellés. Vous pouvez compter sur moi pour rester mobilisée sur ces questions au Sénat. 

Les problématiques sociales soulevées ont eu un écho particulier lors de la rencontre citoyenne le soir même à laquelle ont participé une quarantaine de nos concitoyen·nes.

Je tiens aussi à remercier Monsieur l’Ambassadeur et ses équipes, pour leur accueil et les échanges sur les relations diplomatiques et économiques entre la France et le Maroc. 

Casablanca

À Casablanca, accompagnée de Mme Pascale Trimbach, nouvelle consule générale, j’ai eu l’occasion d’échanger avec les élu·es et associations locales. Je remercie la quarantaine de participant·es à la réunion publique venue échanger sur les enjeux politiques et socio-économiques des Français·es de Casablanca qui m’ont interpellé sur l’accès à la sécurité sociale des enfants de Français·es nés au Maroc et sur la complexification des dossiers de demande de bourses scolaires, ou encore les difficultés d’accès à un compte bancaire, combat que je porte par ailleurs au Sénat.

Ce moment d’échange citoyen a notamment servi de base de travail à la réunion organisée avec la Chambre Française de Commerce et d’Industrie du Maroc accompagné d’un cercle de cheffes d’entreprises franco-marocaines, me permettant notamment d’apprécier les enjeux liés à la transition écologique marocaine par le biais d’investissements dans les réseaux énergétiques et ferroviaires ainsi que les enjeux spécifiques de la place des femmes dans les milieux économiques.

J’ai été particulièrement frappée par la logistique de production des visas à Rabat et Casablanca, laquelle, si elle vient attester de la fin de la guerre stupide et contre-productive des visas qui peut être menée par la France, reste la marque un système inadapté. Je tiens également à remercier les équipes Lycée Lyautey quant à leur accueil et aux échanges constructifs et particulièrement avec les représentant·es des personnels avec lesquel·les nous avons pu aborder la question du combat contre le bornage, l’injustifiée limitation dans le temps des détachements que nous menons depuis le Sénat. Nous avons aussi abordé les inquiétudes quant à la fragilité du réseau AEFE mis à mal par les coupes budgétaires successives des stratégies particulièrement inadaptées et des fermetures très concrètes de classes à l’image de l’école Claude Bernard de Casablanca.

Marrakech

Ma visite a été initiée par une invitation par le Consul général à une rencontre particulièrement constructive avec le très actif Président de l’association Français du Monde – Marrakech, ainsi que du directeur du Groupe scolaire Jacques-Majorelle géré par la Mission Laïque Française et du proviseur adjoint du Lycée français Victor-Hugo.

J’ai également pu aborder les enjeux consulaires et les services proposés aux ressortissant·es français·es à Marrakech avec le Consul et ses équipes avant de rendre visite au Lycée Victor Hugo. Je tiens à remercier en particulier Ludovic Legrand pour son accompagnement et ses réflexions lors des réunions avec l’équipe de direction et des représentants du personnel. Alors que la population française est en forte croissance sur Marrakech, que le Lycée a une liste d’attente de plusieurs centaines d’élèves potentiels, les alertes quant à une trésorerie inadaptée et les suppressions d’enseignants détachés sont tout simplement inacceptables.

Pour finir, j’ai été accueilli à l’Institut Français afin de discuter des initiatives culturelles et éducatives, avant d’ouvrir une discussion avec mon ami Mounir Satouri et une vingtaine de participant·es sur les enjeux internationaux et européens concernant la France et le Maroc, mais aussi sur les craintes légitimes liées au retour de Donald Trump à la Maison blanche. 

Enfin je n’oublie pas les Français·es de Fès, Meknès, Ouarzazate ou Agadir. Bien que je n’aie pu aller cette fois-ci à leur rencontre, cela ne m’a pas empêché de relayer un certain nombre de préoccupations locales auprès de l’Ambassadeur et du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères. Ma porte reste toujours ouverte pour des échanges et mes équipes à votre disposition pour vos sollicitations.